L'objectif de notre étude à été de rapporter l'efficacité et la sécurité à long terme de la sclérectomie profonde non pénétrante (SPNP) en données de vraie vie et d'identifier les facteurs associés à l’échec.
Name
Étude de Registre sur la Sclérectomie Profonde Non Perforante : Résultats à Long Terme en Vraie Vie
Introduction
Matériels et Méthodes
Tous les patients souffrant de glaucome suivis au CHU de Bordeaux sont inclus dans un registre avec recueil prospectif des données. Nous avons inclus tous les patients adultes de ce registre ayant subi une SPNP entre janvier 2012 et janvier 2021 avec au moins 6 mois de suivi postopératoire. Trois seuils de réussite de la pression intraoculaire (PIO) ont été définis : PIO ≤21 mm Hg et une diminution de 20 % par rapport aux valeurs de départ ; PIO ≤18 mm Hg et une diminution de 20 % ; PIO ≤15 mm Hg et une diminution de 25 %. Les taux d'échec de la procédure ont été calculés à l'aide d'un modèle linéaire généralisé mixte à effets mixtes avec effets aléatoires.
Résultats
852 yeux de 591 patients ont été inclus dans l'étude. Le suivi moyen était de 33,2 +/- 27,7 mois. La PIO moyenne ± SD a diminué de 22,0 ± 7,4mmHg à 14,3 ± 5,4mmHg, 14,7 ± 4,9mmHg et 14,0 ± 4,2mmHg à 1, 3 et 6 ans, respectivement (p<0,001). Pour tous les seuils, l'âge, la durée du suivi, l'absence de chirurgie filtrante antérieure, le nombre de collyres hypotonisants et la réalisation de needling étaient associés à un échec accru (p<0,001). Pour tous les seuils, la mitomycine C peropératoire à 0,4 mg/mL et une chirurgie antérieure du glaucome étaient associées à un échec réduit (p<0,001). Des plis choriorétiniens ont été notés dans 8 yeux (0,9 %), dont l'un a nécessité une suture du volet scléral. Une incarcération de l'iris a été observée dans 57 yeux (7,0 %), dont sept étaient récidivantes. Quatre-vingts yeux (9,4 %) ont nécessité une nouvelle chirurgie du glaucome.
Discussion
La baisse pressionnelle et le profil de sécurité identifiés dans notre étude sont concordants avec ceux déjà publiés dans la littérature. Nous avons mené une étude de vraie vie, en incluant toutes les sclérectomie, y compris celles de mauvais pronostic, comme les secondes chirurgies filtrantes ou encore les glaucomes uvéitiques. Les forces de notre étude sont la taille de notre échantillon, la durée de suivi, l'utilisation d'un modèle logistique de régression linéaire mixte, et l'inclusion systématique de tous les cas de slcérectomies réalisées dans notre centre ce qui permet d'obtenir des données de vraie vie. Notre étude présente évidemment certaines faiblesses, c'est une étude rétrospective, bien que le recueil des données ait été prospectif, c'est une étude monocentrique, et l'effet centre de référence du CHU qui fait que la population et le suivi sont très hétérogènes.
Conclusion
En conclusion nos résultats corroborent ceux de la littérature, la sclérectomie est une chirurgie efficace avec un bon profil de sécurité. L’échec dépend principalement de la fibrose conjonctivale mais il n’existe pas à ce jour de biomarqueur fiable pour l’anticiper de façon constante. Avec l’arrivée des chirurgies mini invasives, les MIGS, un enjeu majeur sera de positionner ces différents outils au sein d’un arsenal thérapeutique.